La démocratie au Burundi prise en otage par le CNDD-FDD !
Depuis 2005, le Burundi est dirigé par le CNDD-FDD, un parti qui se dit défenseur de la démocratie. Le CNDD-FDD a pris le pouvoir après les élections de 2005. Depuis l’arrivée au pouvoir du parti CNDD-FDD, le Burundi a connu 3 autres élections en 2010, 2015 et 2020 mais notre pays est loin d´être considéré comme démocratique.
Les caractéristiques d’un régime démocratique
Pour mieux comprendre le niveau de démocratie au Burundi, il est important de partir des caractéristiques fondamentales d’un régime démocratique. Il existe plusieurs caractéristiques dont les plus importantes sont les suivantes : l’existence d’une constitution nationale, les élections des représentants, la séparation des pouvoirs (le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire), l’égalité des droits, le respect des libertés fondamentales (libertés d’expression, d’association etc …) et le multipartisme. L’analyse se concentre juste sur quelques caractéristiques qui suffisent pour savoir où nous en sommes avec la démocratie au Burundi.
Existence d’une constitution nationale
Le Burundi a une constitution dans laquelle les bases du système politique, économique, social et culturel de la nation sont établies. Mais, cette constitution est issue du référendum contesté de 2018. La constitution de 2018 est le résultat de la révision de celle de 2005 qui avait pourtant son origine dans l’Accord de paix et de réconciliation d’Arusha.
Avant son abrogation illégale, la constitution de 2005 a été violée. Vous vous rappelez certainement la candidature illégale de Pierre Nkurunziza pour briguer un troisième mandat à la tête du pays. La violation de la constitution de 2005 a été confirmée par l’arrêt de la cour de justice de la Communauté Est-Africaine en novembre 2021.
La violation de la constitution burundaise n’a pas cessé après la prise du pouvoir par le président actuel Evariste Ndayishimiye. A l’heure actuelle, Evariste Ndayishimiye n’a pas par exemple déclaré son patrimoine alors que la constitution l’exige. Quoique mise en place d’une manière illégale, la constitution nationale est considéré par le régime CNDD-FDD comme juste un papier dont le contenu n’a pas d’importance. Le non-respect de la constitution est l’un des signes de l’absence de la démocratie.
Élections des représentants
La démocratie est une forme de gouvernement basée sur la représentation. Le vote est alors un moyen fondamental par lequel les individus élisent leurs représentants politiques et ceux qui sont chargés de prendre un ensemble de décisions importantes pour leur pays.
Au Burundi, seules les élections de 2005 sont considérées comme fiables. Les autres sont juste une mascarade. Par ailleurs, l’espace politique est fermé. Aujourd’hui, il est quasi impossible d’organiser une réunion entre membres dans les locaux des partis politiques sans une autorisation spéciale.
Ce qui est étonnant est que le CNDD-FDD aime clamer haut et fort que le parti a des millions de membres. On se demande alors pourquoi le CNDD-FDD craint les élections libres et transparentes. Tant que le Burundi ne pourra pas se doter des dirigeants issus des élections libres et transparentes, la démocratie restera comme une utopie.
Respect des libertés fondamentales
Aujourd’hui, la situation concernant le respect des libertés est alarmante. Les radios indépendantes et la société civile n’ont plus de place au Burundi. Dernièrement, le premier ministre Gervais Ndirikobuca s’est même attaqué à la liberté de circulation des personnes, la liberté de vivre là où on veut sur le territoire burundais. On ne peut arrêter l’exode rural en violant les libertés des Burundais.
Aujourd’hui, il est impossible de donner un avis contraire au gouvernement sans être poursuivi. Le service de renseignement traque les opposants même au-delà des frontières. Malheur à celui ou celle qui se retrouve dans les cachots du SNR.
La peur d’être tué, de finir ses jours en prison ou d’être enlevé et ne plus revoir les siens, conduit les Burundais à ne plus ouvrir la bouche pour dénoncer ce qui ne va pas au pays. Pire, les Burundais sont en train de devenir des champions dans l’autocensure.
Bref, le constat est amer. La démocratie n’existe pas au Burundi. Elle est tout simplement prise en otage par le CNDD-FDD. Dans les derniers rapports du Freedom House, le Burundi est classé comme « NOT FREE ». Dans ces rapports, le Burundi a une bonne note seulement au niveau de la liberté religieuse. Mais depuis quelques semaines, la prière matinale de 7h30 à 8h est devenue obligatoire dans tous les services publics selon la volonté du président Evariste Ndayishimiye. Va-t-on vers une théocratie ?
Cette absence de démocratie combinée à une crise économique et une mauvaise gestion des affaires publiques explique, en grande partie, pourquoi le Burundi est l’un des pays les plus pauvres sur la planète. L’avenir de notre pays est en danger si rien n’est fait pour établir une démocratie réelle, un Etat de droit qui met en avant le bien-être des citoyens et non pas les intérêts privés de ceux qui détiennent le pouvoir.
Le combat pour l’établissement d’une démocratie réelle vaut la peine et les élections libres et transparentes sont le meilleur moyen pour que le Burundi se dote de nouveaux dirigeants soucieux de résoudre les problèmes que connaissent la population. Les élections libres et transparentes ne doivent pas être une fin en soi, il faudra aussi travailler dur pour consolider la démocratie afin que toutes les caractéristiques d’un Etat démocratique soient effectives. Ceci n’est pas un choix mais une nécessité pour que le Burundi soit un pays vivable.
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